Nous promulguons des lois avant-gardistes, mais on ne les applique pas. Nous prenons de bonnes décisions, mais personne ne les respecte. Tout cela et bien d’autres facteurs rendent la tâche encore plus difficile à ceux qui sont appelés à concevoir ces plans d’aménagement.
«Soixante plans d’aménagement urbain ont été approuvés dans plusieurs communes tunisiennes relevant de divers gouvernorats », a annoncé le ministère de l’Equipement, dans un communiqué, conformément aux dispositions du décret gouvernemental du 25 novembre 2020. «Ce décret, ajoute-t-il, fixe les procédures de coordination entre les administrations centrales, les services extérieurs du ministère, ainsi que les entreprises et établissements publics et les communes en matière d’élaboration ou de révision des plans d’aménagement urbain et de leur approbation ». Sans autres détails, souhaitant que les respectables personnes, qui ont étudié et mis en forme ces plans, ont été à la hauteur de leurs lourdes responsabilités.
Parer à ces manquements !
En effet, nombre de ceux qui les ont précédés, surtout en cette dernière décennie, ont oublié ou escamoté un aspect important de ce genre de dossiers. Lorsque nous voyons surgir des cités où sont appelées à vivre les futures générations et que les rues sont toujours aussi étroites. Que les trottoirs le sont davantage et qu’il sera pratiquement impossible d’y planter des arbres en guise de réponse à ce soleil qui tape dur neuf mois sur douze et qu’il sera encore plus ardent d’après les services météo du monde entier. Que les bonnes dispositions prises pour conserver l’eau de pluie en équipant les futures habitations de fosses ou réservoirs appropriés. Que les réseaux d’évacuation des eaux usées et celles des eaux pluviales sont les mêmes et que l’on sera dans l’obligation de dépenser davantage pour les traiter. Que les futurs bâtiments étatiques ou même privés ne sont pas automatiquement équipés de moyens (énergies renouvelables) censés économiser l’énergie. Que l’infrastructure destinée aux loisirs ont figuré sur la liste des oubliés de Dieu et du monde. Que pour les écoles, lycées et collèges, on n’a rien prévu pour leurs équipements sportifs, alors qu’on avait décidé que l’éducation physique et sportive ferait partie de tous les programmes scolaires et universitaires du citoyen tunisien, etc..
Ce ne sont là que des rappels et il est possible qu’on en a tenu compte et que ces cités, villages et villes qui émergeront de terre, répondront à ces obligations. Nous sommes en effet obligés de léguer aux futures générations une infrastructure et des installations qu’elles pourront exploiter et utiliser sans être contraintes de tout démolir ou engager des frais de mise à niveau que nous pourrions leur éviter. Tout coûte de plus en plus cher et nous ne savons pas du tout de quoi sera fait demain.
Le monde est en train de changer. En tout, et surtout la pression que Dame nature exerce sur une planète qui cherche à se prémunir contre les effets de ces changements. La nature, qui se venge certainement des misères que nous lui avons, fait subir, nous accule dans nos derniers retranchements. Il fera plus chaud, beaucoup plus chaud. Des îles, des villes côtières sont menacées de disparition, sous l’effet de ces changements climatiques inévitables.
Bonnes décisions, mais..
Nous avons célébré, comme le reste du monde, la Journée mondiale de l’eau. La Poste tunisienne a annoncé l’émission d’un timbre-poste sur le thème de “l’environnement, le développement durable et la gestion de l’eau”. “L’objectif étant de réaffirmer la nécessité de concentrer les efforts sur cette précieuse richesse naturelle, afin de garantir un avenir durable aux futures générations”, souligne la Poste tunisienne. Tout cela est bien, mais qu’est-il advenu des bonnes résolutions prises l’été dernier ? Rien ou presque.
On est content de nous annoncer qu’une piscine est en voie d’achèvement dans une ville qui sera obligée de couper l’eau pour les habitants, à l’effet de remplir le bassin. Qui a eu l’idée géniale d’implanter ce bassin dans ces lieux, alors que la Tunisie dispose d’une longueur linéaire avoisinant les 2 300 km et plus de 96 mille km2 d’espaces maritimes, qui n’attendent que cela et que cela fait des années que nous parlons des solutions à trouver pour combler cet endettement hydrique qui essouffle bien des puissances? Alors qu’ailleurs, c’est-à dire dans les pays qui ont pris conscience du danger qui guette l’humanité, on essaie de devancer les événements, nous continuons à nous contenter des apparences. Presque partout, on a continué à laver les voitures à grande eau, sans que personne ne réagisse.
Nous promulguons des lois avant-gardistes, mais on ne les applique pas. Nous prenons de bonnes décisions, mais personne ne les respecte. Tout cela et bien d’autres facteurs rendent la tâche encore plus difficile de ceux qui sont appelés à concevoir ces plans d’aménagement. Nous avons tenu à faire allusion à toutes ces bonnes dispositions que nous avions prises sous la contrainte. Que ce soit cette pénurie d’eau qui a affecté bien des régions ou des niveaux alarmants de nos barrages ou encore ce renchérissement de l’énergie qui grève nos budgets de façon continue et insupportable.
Il y a, pour résumer, des décisions que l’on se doit d’appliquer par, non pas des communiqués et des effets d’annonce, mais par des actions concrètes qui serviront non pas pour la circonstance, mais pour l’avenir de nos futures générations, au sens le plus large du terme.